Quêtes littéraires, 2020, No 10: Caricature : l’art de la démesure
Permanent URI for this collection
Browse
Browsing Quêtes littéraires, 2020, No 10: Caricature : l’art de la démesure by Issue Date
Now showing 1 - 16 of 16
Results Per Page
Sort Options
- ItemPrendre la grippe comme on prend les eaux : variations caricaturales sur un mal à la mode entre 1830 et 1848(2020) de Palacio, Marie-FranceLa période de la Monarchie de Juillet est jalonnée d'épidémies de grippes, dont il est régulièrement rendu compte dans la presse. Étonnamment, tandis que les effets de ces épisodes contagieux sont systématiquement minorés, la grippe elle-même fait l'objet de nombreuses charges textuelles et visuelles et d'analogies avec la vie politique, sociale, économique et culturelle. La Grippe aux mille visages, mégère, diable ou femme du monde, est déjà celle que Cham nommera « la lionne de la saison » en 1858. Épidémie obligeante, elle s'associe au carnaval et aux bals qu ’elle perturbe ou agrémente. L'article s'interroge sur le choix d'un tel motif comme moyen satirique et évoque les modalités de cette charge qui passe simultanément par l'atténuation et l'outrance. C'est du côté de la littérature des Physiologies qu'il convient de chercher l'explication de cette typification de la grippe et celle de son statut de « mal à la mode ».
- ItemDe Cloporte en Janus : sur quelques représentations du portier dans la caricature française du XIXe siècle(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Strobbe, CarolineLes caricatures de concierges, portiers et domestiques auxiliaires des portes et du passage dans les lieux publics de l ’immeuble, ou privés de l'appartement, sont nombreuses au XIXe siècle, en dessin et en littérature. En effet le concierge ou portier est alors un phénomène moderne, et sa situation sociale, de même que celle de son local, est située dans l'entre-deux. Sa fonction de contrôle se heurte dès lors à la fois aux pressions du propriétaire de l'immeuble et à la résistance de ses locataires. Le portier ou concierge occupe donc une place spéciale dans la représentation caricaturale du XIXe siècle. Entre servilité et volonté de surpuissance, il fait l ’objet de nombreux tiraillements. Alors qu'il est écartelé socialement entre locataire et propriétaire, ses représentations caricaturales s'étirent entre animal et dieu.
- ItemLa caricature entre image et parole : Villiers de l’Isle-Adam rival d’Honoré Daumier(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Opiela-Mrozik, AnnaL'article propose d'analyser, dans une optique comparatiste, les objectifs et les spécificités de la caricature graphique d'Honoré Daumier et de la caricature littéraire de Villiers de l'Isle-Adam. Par son projet de vengeance satirique sur les bourgeois, Villiers de l'Isle-Adam se réclame de la méthode de Daumier, fondée sur l'ironie, et envisage de dépasser le dessinateur. Dans la présentation de l'univers bourgeois et des milieux choisis (journalistique, artistique) le dessinateur et l'écrivain élaborent leurs propres façons d'exploiter les ressources de la caricature. Tout en dénonçant les vices de la société, Daumier propose un type particulier de comique (dans lequel la légende joue un rôle secondaire) et développe l'aspect ludique de son art, tandis que Villiers se concentre sur la raillerie violente, même si sa caricature relève souvent de l'ambiguïté. Érigée en genre littéraire, la caricature villiérienne relie le portrait déformé à la caricature langagière et celle de situation, en élargissant ainsi les sens véhiculés par le dessin de Daumier.
- ItemFlaubert et la caricature : l’exigence de la modernité(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Poyet, ThierryQuelquefois caricaturé par ses contemporains, Flaubert suscite les réactions dans l'outrance, lui qui ose dans sa Correspondance abonder dans la caricature selon ses humeurs et ses opinions en excellant dans l'hyperbole et l ’emphase. Un mot de son cru le résume : « hénaurrrme ». Au demeurant, ses personnages les plus mémorables sont des caricatures : de l'amour avec Emma, de la bêtise avec Bouvard et Pécuchet, de la bonté avec Félicité d'Un Cœur simple… Dans la fabrique flaubertienne, l'incarnation est intrinsèquement liée à la déformation, elle-même dégradée en parodie. Car la caricature chez Flaubert est partie prenante d'une pensée nihiliste : le romancier participe d'une déconstruction généralisée de la société bourgeoise par une caricature évidemment politique même si l'écrivain se défend d ’utiliser l'œuvre comme une tribune, au nom de l'autotélisme de l'art. Au fond, c'est la modernité de Flaubert qui justifie le goût et l'usage de la caricature.
- ItemLa mode féminine de la seconde moitié du XIXe siècle dans la caricature iconographique et littéraire(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Stępińska-Kucza, ZofiaL’article analyse la relation entre la caricature et la mode à partir de quelques exemples de la satire visuelle et textuelle de la seconde moitié du XIXe siècle. La période est propice à la caricature de mode car, tout en reflétant les transformations politiques, économiques et sociales du temps, les tendances vestimentaires prônées à l'époque par les périodiques de mode reposent sur l'exagération et la déformation, qualités qui sont aussi les armes des humoristes. La première partie examine la représentation graphique du costume féminin, avant tout celle de la crinoline-cage, et les significations véhiculées par ces images railleuses. La seconde se concentre sur les fragments de La Comédie de notre temps (1874-1876) de Bertall, consacrés à la mode et au vêtement, et cherche à définir l'image de la femme et sa place dans la société bourgeoise en pleine mutation.
- ItemLa Mythologie politique de Paul Hadol : des figures du pouvoir à l’épreuve des mythes grecs dans la caricature au début de la Troisième République (1871-1872)(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Nicolle, SylvainEntre 1871 et 1872, le dessinateur Paul Hadol publie dans l'hebdomadaire satirique Le Charivari onze portraits-charges formant une série intitulée La Mythologie politique. Cet article rappelle d'abord comment celle-ci s'inscrit dans une tradition préexistante de parodie iconographique de l'Antiquité qui naît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant d'être acclimatée en France à partir de la monarchie de Juillet. On interroge ensuite les critères de sélection biographique des célébrités caricaturées et la cohérence thématique possible de la série à partir de la typologie des filtres mythologiques – le cycle de Troie, les divinités olympiennes, les héros, les monstres. Enfin, l'analyse plus spécifiquement sémiotique des caricatures met en évidence la reprise du procédé associant grosse-tête et légende versifiée aux deux séries du Panthéon charivarique (1838-1841 et 1866-1867), la dimension de rébus politique, et le jeu de citations artistiques, littéraires voire musicales. L'épilogue montre que la portée de la série peut s'envisager d'un point de vue politique et artistique mais aussi intellectuel dans le rapport au temps qu'elle questionne.
- ItemCaricature textuelle et visuelle française du XIXe siècle. Enjeux sémiologiques d’une analyse icono-textuelle(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Guinand, CécileCet article considère la caricature en tant que dispositif icono-verbal qui mobilise des codes culturels partagés. Il montre qu’au XIXe siècle, la caricature visuelle (ici Daumier et Gavarni) comme la caricature textuelle (ici Balzac, Baudelaire, Stendhal, Musset, Flaubert, Huysmans) sont pensées sur le modèle de la scène théâtrale qui joue des riches possibilités offertes par la combinatoire du texte et de l'image au cœur des mécanismes comiques. En effet, invalidant le constat d'un primat de l’image sur le texte (position de Charles Baudelaire) ou inversement du texte sur l’image (position de Roland Barthes), cet article rappelle que le visuel et le textuel assument des rôles fluides et qu’ils se complètent. À ce titre, la consonance ou dissonance entre l'image et son titre/sa légende sont deux types de rapports qui concourent à la naissance du rire comme à la richesse sémantique de la caricature. Cette vision d’un rire procédant avant tout de mécanismes formels pourrait tendre à faire croire que l'évaluation des systèmes de valeur mobilisés est superflue. L'important serait de comprendre et d'analyser, pas de juger. Contre une telle prétention, cet article soutient la nécessité d’ajouter à l'analyse formelle d'une œuvre dans son contexte historique un positionnement éthique face à ses implications idéologiques explicites et implicites.
- ItemL’excès de réel – caricature et réalisme dans quelques nouvelles de Maupassant(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Färnlöf, HansPar son excès mimétique, la caricature peut sembler difficilement compatible avec l'esthétique réaliste, qui cherche à donner une image fidèle au réel. Pourtant l'ironiste Maupassant a souvent recours au portrait caricatural afin de mettre en relief le caractère excessif du personnage. En établissant des liens fermes entre le portrait du personnage et le déroulement de l’histoire, qui illustrera les conséquences négatives de cet excès, Maupassant expose le danger qu’il y a à dévier d'un comportement mesuré. Le réalisme réside ainsi dans la cohérence entre le portrait caricatural du personnage et ses actes. Il dérive aussi de l'application d'un schéma rationnel mis en place pour déprécier le personnage caricaturé, dont l'excès, souvent sous forme de passion, provoque une appréhension erronée du réel objectif. L'impossibilité d'appliquer un tel cadre normatif, comme dans le genre fantastique, pourrait indiquer la nécessité d'abandonner partiellement l’esthétique réaliste pour embrasser d'autres formes de composition.
- ItemAu pays des supplices : caricature et paroxysme dans la Chine fantasmée d’Octave Mirbeau(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020) Roux, GaultierCet article étudie les stratégies de la caricature dans Le Jardin des supplices, œuvre emblématique du discours exotique et jalon dans la constitution des stéréotypes sur la Chine. Cependant, le récit, loin de chercher à représenter une Chine réaliste, ni même à en indiquer la barbarie supposée, vise au contraire à produire en creux une caricature de son pendant européen. Le Jardin des supplices a ainsi une vocation spéculaire, par laquelle l'Occident se reconnaît dans l’utopie fantasmagorique proposée ; on identifiera alors à la fois, dans cette farce sadique, une parodie des structures institutionnelles européennes et un pastiche des traits caractéristiques de la décadence littéraire. Nonobstant, Le Jardin des supplices informe bien durablement, et au second degré, la représentation de la Chine et des Chinois dans l’inconscient collectif.
- ItemLes puschts, les bardaches, les « almées… mâles » : une caricature de la femme orientale ou un autre rêve d’Orient ?(2020) Sokołowicz, MałgorzataLa contribution analyse quelques représentations des danseurs orientaux qui dansent habillés en femmes et cherche à répondre à la question de savoir si ces représentations forment une caricature de la femme orientale ou s'il s'agit d'un autre rêve pervers d'Orient. La première partie présente la danseuse mâle et montre sa perception en Orient et en Europe. La seconde partie évoque la critique du comportement des danseuses mâles présente dans les relations de voyage de Jean Potocki et de Vivant Denon. Les trois dernières parties analysent trois descriptions datant des années 1840-1850, créées par Gérard de Nerval, Gustave Flaubert et Théophile Gautier. Il s'avère qu'avec le temps, la caricature devient moins évidente qu'auparavant et les descriptions s'esthétisent. Il n'est plus possible de ne faire que se moquer des danseuses mâles ou les condamner. Un nouveau rêve pervers d'Orient semble faire son émergence.
- ItemLa caricature ou le mystère des mots bourdonnant aux oreilles dans Le Nègre du Gouverneur de Serge Patient(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II, Wydawnictwo Werset, 2020) Danglades, MylèneLa caricature, dans sa représentation la plus élémentaire, dans sa polysémie ou ses multiples extensions, fait référence à la charge, au « faix du fagot » amenant l’homme à gémir, à ployer et à marcher courbé « à pas pesants ». Les écrivains, tels des humoristes ou des peintres de la vie moderne, s’emploient à combiner les normes de la représentation et à distordre les mots pour souligner l’animalité de l’homme. Serge Patient, dans sa chronique intitulée Le Nègre du Gouverneur publiée en 1978, nous propulse dans le temps, dans l’imaginaire collectif guyanais et nous invite notamment à nous focaliser sur l'esclave noir D’Chimbo. Il appartient alors au lecteur de décrypter les données, de les rectifier ou de les blâmer en riant brutalement ou en domestiquant son rire. Les rires apaisés ou ravivés et les mots bourdonnant plus faiblement aux oreilles, quel langage et quels poncifs pourraient encore se dessiner?
- ItemLa lodyans caricaturale dans la comédie humaine haïtienne de Gary Victor(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II, Wydawnictwo Werset, 2020) Rossi, Sara delLa littérature orale populaire a toujours été le moyen le plus efficace pour critiquer le pouvoir. En Haïti, il existe un genre spécial pour fustiger et se moquer de l’élite administrative : la lodyans. Ce bref récit satirique d’origine populaire, fort de sa prise carnavalesque sur la réalité sociopolitique, est utilisé pour informer la population sur l’actualité à travers la parodie et la dérision. Cet article se propose d’analyser l’utilisation de la caricature accumulative dans les portraits sociaux des lodyans de Gary Victor. Les deux personnages principaux, Albert Buron et Sonson Pipirit, peuvent être considérés comme des types sociaux emblématiques, qui se font charge des caractéristiques des catégories sociales auxquelles ils appartiennent. La narration des (més)aventures de ces deux personnages et des figures qu’ils rencontrent tout au long de leurs parcours permet à Victor de dresser une sorte de comédie humaine haïtienne, très proche de la réalité. Une telle interprétation réaliste confirme le caractère engagé de l’auteur, dont le but est de provoquer un rire jaune conscient des problématiques sociopolitiques du pays.
- ItemLa caricature sociale dans les albums de Jean Bruller : une Comédie humaine de l’entre-deux-guerres(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020-12-30) Hernández Gómez, María de los ÁngelesLes premiers albums du dessinateur Jean Bruller proposent une caricature sociale originale par la combinaison du texte et de l’image. Si La danse des vivants (1932-1938) aspire à illustrer la comédie humaine du XXe siècle par la caricature de mœurs et un ton universaliste, Visions intimes et rassurantes de la guerre (1936) s’ancre dans la période de l’entre-deux-guerres pour développer une critique sociale fortement influencée par les menaces de guerre. Cet article propose une analyse approfondie de l’esthétique de ces deux ouvrages brulleriens, marqués par un humour particulièrement mordant et ironique et par un certain arrière-goût pessimiste. Cette approche analytique se nourrira de même du dialogue entre l'œuvre et la pensée de l’artiste, ainsi que du dialogue entre sa production et le contexte historico-social.
- ItemEntre l’art de l’invisibilité et l’art de la démesure : Marcel Proust caricaturé par Jean Cocteau(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020-12-30) Thiel-Jańczuk, KatarzynaPartant d’un dessin de Marcel Proust par Jean Cocteau conçu en 1922 ainsi que d’un essai biographique de Claude Arnaud publié en 2013, l’auteur de l’article présente la relation entre les deux écrivains en référence à la problématique de leur « visibilité » (Nathalie Heinich). Dans ce contexte-là, le dessin de Cocteau, restant en accord avec le caractère démesuré de Marcel Proust, peut être aujourd’hui considéré comme une représentation caricaturale de l’auteur de la Recherche qui démythifie une image de Proust-écrivain invisible créée par la vulgate structuraliste. Aussi, dans le contexte médiatique et théorique contemporain, la représentation visuelle de Proust par Cocteau peut s'avérer utile pour la réflexion à propos de la « conduite » non-narrative de Proust qui, à côté de son activité discursive, définit la « posture » (Jérôme Meizoz) de l’auteur de la Recherche dans le champ littéraire français.
- ItemL’écrivain fictif entre caricature et modélisation au tournant du XIXe siècle(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020-12-30) D’Ascenzo, FedericaDurant la Belle Époque, le roman de l’écrivain supplante progressivement le roman du peintre et se constitue en un filon qui donne lieu à une interrogation sur le rôle de l'homme de lettres dans la société bourgeoise et sur les causes de son désarroi. L’auteur véhicule ainsi à travers son œuvre un portrait axiologique de soi qui, renvoyant implicitement à la difficulté de la création, rend compte des valeurs qui façonnent la fin de siècle. La modélisation qui en découle intègre la caricature, devenue omniprésente au XIXe siècle, non seulement pour la charge parodique qui la caractérise, mais pour le pouvoir désormais accepté que l’exagération, la déformation et la blague détiennent dans l’interprétation du réel. De Huysmans à Gide, de Lorrain à Gourmont, de Dumur à Mauclair, Mirbeau ou Céard, le roman de l’écrivain fait de la caricature et de la dévaluation la garantie de l’authenticité de la projection autofictive.
- ItemPortraits caricaturaux du gouvernement de Vichy sous la verve démesurée de Céline(Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II; Werset, 2020-12-30) Alves, Ana MariaDans ses trois romans, communément désignés comme trilogie allemande, Céline évoque le récit de son périlleux exode en Allemagne, de 1944 à 1945, puis au Danemark de 1945 à 1951. Notre propos n’est pas de reprendre tout ce périple, mais de nous attarder sur son séjour à Sigmaringen où presque toutes les figures marquantes de la Collaboration sont dépeintes et caricaturées par Céline sur un ton de mépris qui lui est exclusif et marque sa singularité exceptionnelle. Nous en retiendrons quelques exemples pour montrer comment l’écrivain amplifie les traits de ses personnages, pour donner plus de vigueur à ses descriptions. Céline brosse leurs portraits, en accentuant leurs caractères ou bien en leur prêtant, parfois, des attitudes ridicules. Par des détails hilariants, burlesques, comiques, Céline parvient à caricaturer certaines personnalités du gouvernement de Vichy dans une atmosphère où se mêlent absurdité, chaos, décadence.