Quêtes littéraires, 2018, No 8: Au croisement des vanités
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- ItemVanités : une invitation à jouir et à se réjouir ?(2018) Vuillemin, Jean-ClaudeAlors que l ’histoire de l ’art ne s ’est jamais beaucoup intéressée à établir un critère satisfaisant de discrimination entre Natures mortes et Vanités, cet article proposeune distinction basée sur le mode de réception adopté : là où une lecture iconographique révèle une Nature morte, une lecture iconologique manifeste une Vanité. Cela dit, l ’herméneutique de celle-ci demeure éminemment problématique. Contrairement au message de renonciation aux biens terrestres qu ’elle s ’efforce en principe de diffuser, la Vanité sera toujours susceptible d ’ être perçue comme une invitation à jouir et à se réjouir. Tempus fugit ? Donc carpe diem plutôt que memento mori.
- ItemLa Vanité à l’usage des demoiselles : savoir-vivre et savoir-mourir dans le roman d’éducation pour filles dans le Second Empire(2018) Kawthar Daouda, MarieLes années 1850 voient s’installer le Second Empire après un demi-siècle houleux où s’illustre la vanité du pouvoir temporel. Toutes deux légitimistes, Sophie Rostoptchine, comtesse de Ségur, et Victorine Monniot, ont laissé une empreinte profonde dans l’éducation des jeunes filles du Second Empire. Leur enseignement, fondé sur une interprétation concrète du catéchisme catholique, illustre les principes chrétiens de renonciation aux biens matériels enseignés par le memento mori tout en se faisant l’écho des angoisses de l’époque. L’article se propose d’étudier la présence de la vanité comme outil pédagogique dans Le Journal de Marguerite (1858) et le cycle de Sophie (1858-1859) et de mettre au jour les liens entre ces romans édifiants et les hantises exprimées par Baudelaire ou Edmond de Goncourt.
- ItemLe sablier, la vanité et le sermon protestant français au XVIIe siècle(2018) Thouin-Dieuaide, ChristabelleEmblématique du temps qui passe, le sablier est un élément iconique majeur des tableaux de Vanités. Il est aussi, au XVIIe siècle, l ’objet qui figure sur la chaire du pasteur protestant qui, dans le temps imparti de l ’écoulement du sable, doit exhorter le fidèle à faire bon usage de son temps de mortel, pour aspirer au temps éternel. Le discours théologique et moral des prédicateurs rentre en collision avec les incises récurrentes dans les sermons sur le peu de temps qu ’il reste encore au prédicateur pour achever son sermon, signalant ainsi que si la vie humaine n ’est que vanité ; le discours qui le porte doit aussi s ’en garder, en évitant toute parole creuse ou enflée, et rester dans les limites fixées par le sablier.
- ItemLa vanité et le tragique existentiel dans l’œuvre durassienne(2018) Ledwina, AnnaL’œuvre de Marguerite Duras est une profonde réflexion sur la vanité de la condition humaine. Ses ouvrages présentent l’individu qui se rend compte de l’impossibilité à vivre dans un monde privé de sens et hostile où tous les efforts pour changer le cours des événements ou d’améliorer son sort se révèlent insignifiants. Ainsi, ils expriment la vanité de toute action humaine, de tout engagement par rapport à une fatalité cruelle des êtres humains. Cet état de choses, résulte, semble-t-il, d’un lien inséparable de la vie et de la mort, inscrit dans la nature humaine. Les textes durassiens reflètent la fin d’un tel monde ainsi que les avatars absurdes d’un malheur inévitable. De façon dramatique, l’auteure démontre le tragique existentiel lié, en particulier, à l’injustice, au désespoir, à la souffrance. Impuissants, égarés dans un univers incertain, les personnages durassiens se soumettent passivement à un destin inexorable.
- ItemBossuet face à La Vallière : la topique de la vanité, entre enjeux religieux et enjeux politiques(2018) Pelleton, NicolasNous voulons analyser les motifs de la vanité et du mépris du monde dans le Carême du Louvre et dans le Sermon pour la profession de La Vallière dans une perspective à la fois topique et énonciative. La liaison de Louis XIV et de La Vallière pose un double problème religieux et politique. À cet égard, Bossuet utilise la topique de la vanité comme une arme paradoxale qui montre que le mépris du monde ne peut se passer du monde. Le champ religieux et le champ public se reflètent alors sans cesse l ’un dans l ’autre.
- ItemEntre la danse macabre et l’apologie de la vie, ou les vanités selon Joris-Karl Huysmans(2018) Litwinowicz, ZofiaDans l’œuvre huysmansienne, en particulier celle de la transition entre sa phase décadente, marquée par Là-bas (1891), et la période du naturalisme mystique, dont le fruit le plus mûr reste La Cathédrale (1898), il est possible de retracer la transformation complète et profonde du traitement de la vanitas. Le présent article propose une analyse de trois étapes de cette évolution. Il part de la vanitas macabre de Là-bas, proche de l’esthétique de Félicien Rops, auquel Huysmans s’intéresse dans les années 1880, et du motif de la tentation de saint Antoine dans les arts de la fin du Moyen-Âge et du début de Renaissance. Ensuite, il examine l’approche huysmansienne à la Crucifixion de Cassel et au retable d’Issenheim de Matthias Grünewald, qui constitue un passage entre l’esthétique de la danse macabre et celle du naturalisme mystique. Finalement, il étudie le legs des ekphraseis de Grünewald: l’apologie de la vie et un regard nouveau sur la vanitas dans La Cathédrale.
- ItemLe Tramway de Claude Simon : une vanité postmoderne?(2018) Belarbi, MokhtarLe thème de la vanité occupe une place de choix dans Le Tramway de Claude Simon. Dans ce texte, il a adopté une nouvelle conception de la vanité. Certes, l’auteur a toujours évoqué des thèmes intimement associés à la vanité, tels que le thème de la mort, le thème de la mélancolie, le thème de la guerre, etc., mais la finitude a toujours été pour lui une phase cruciale pour le retour au primordial et à l’origine, pour le commencement d’un nouveau cycle de la vie. Dans Le Tramway, la vanité du monde est présentée d’une manière tragique. Il n’y a aucune référence à la primordialité ni au retour cyclique des choses. L’auteur insiste sur l’actualisation, dans la mémoire, du temps de la mort. Un nombre important de métaphores et de symboles mettent en exergue ce thème de la mort ; c’est comme si l’auteur lançait au lecteur un memento mori de la part de quelqu’un sur le point de vivre cette expérience funeste qui est irrémédiable et définitive. C’est ce qui confère au texte une dimension tragique et humaine indéniable.
- ItemLa vanité ou le miroir des faux-semblants dans Chaque heure blesse de Raoul Danaho(2018) Danglades, MylèneLa vanité, dans sa représentation la plus générale, nous invite à arrêter quelques instants notre course en avant, à mettre de côté nos divers agissements et à nous interroger sur notre destinée. La littérature, la peinture se focalisent souvent sur la fragilité de la vie. Elle est comparée à un souffle, à une vapeur qui paraît pour peu de temps. Les biens terrestres, les plaisirs mondains paraissent vains et éphémères et la quête incessante de l’homme toute aussi illusoire. Raoul Danaho, dans son roman Chaque heure blesse, publié en 1968, évoque l’histoire d’un jeune homme qui cherche sa propre identité et sa propre place dans le monde. Albert, cet homme originaire de Cayenne, s’est retrouvé à Paris, mais il n’y trouve pas la tranquillité souhaitée. La vie ne présente aucun attrait à ses yeux. Il doit « s’efforcer de vivre ». Il se sent vide, incapable de fusionner avec le monde environnant et l’écriture de Danaho devient par là même fragmentaire comme pour « réfléchir » la vanité de l’existence. Albert cherchera -t-il « vainement » à « poursuivre sa route », « ce tâtonnement dans le noir, cette marche aveugle dans la nuit » ou la rhétorique de la vanité se distendra-t-elle donc pour lui permettre de trouver une voie salutaire ? La Rochefoucauld énonçait avec une certaine acuité les propos suivants, renvoyant l’homme à lui-même, à ses semblables et au prisme réfléchissant: « Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre» (1664, 390). Nous sommes en droit de nous demander si la lumière parviendra à atteindre et à irradier le cœur humain.
- ItemPlénitude du vide : dévoiement libertin des vanités classiques(2018) Ganofsky, MarineLes Vanités composeraient-elles l ’essence trop souvent oubliée de la littérature dite « libertine » du dix-huitième siècle ? La fiction voluptueuse du siècle des Lumières a observé et problématisé la nouvelle condition humaine à l ’aube de la modernité : plus de Dieu capable de remplir le vide ; plus d ’éternité à espérer au-delà de la finitude humaine ; plus rien que l ’humain, le moment présent et la vérité de la sensation. Les personnages de cette littérature érotique mettent en scène une sagesse de l ’homme-bulle qui serait un mécanisme d ’adaptation à cette nouvelle réalité. Rien n ’est vain pour ces êtres légers, tant que la vanité des plaisirs tient à distance le souvenir de la vanité de l ’existence que menace le néant. Cependant, l ’ironie de ces narrations libertines suggère, comme dans le modèle classique, que ces jouissances temporelles peuvent ne pas suffire à combler l ’angoisse du vide. Une question est posée au lecteur qui surprend, dans la figure du libertin, l ’anamorphose de l ’humain : toi, te sachant mortel, entre angoisse et insouciance, quelle voie choisis-tu ?
- Item« Mais qui ose en affronter les suites ? » : Emil Cioran et les rapports entre la vanité, le suicide et l ’écriture(2018) Acquisto, JosephSelon Emil Cioran, tout être humain est « imbu de la conviction que tout est vain ». Par contre, Cioran se demande tout de suite après avoir indiqué cette reconnaissance universelle de la vanité : « Mais qui ose en affronter les suites ? ». En quoi l’écrivain cioranien s’associe-t-il à cette humanité généralisée et en quoi est-ce qu’il s’en distingue ? Quelle doit être notre réaction alors, face à la vanité de tout ? On pourrait être tenté de dire que la destruction, et surtout l’autodestruction, semble être la réaction la plus raisonnée. Bien que Cioran écrive de manière quasi-obsessionnelle sur le thème du suicide, il n’arrive pas à le recommander comme solution à la vanité justement parce que la vanité résiste à toute solution. L’écrivain se voit ainsi dans une position contradictoire, car à quoi sert-il de déclarer la vanité de tout si cette déclaration ne fait que participer à cette même vanité ? L’acte de publier des livres n’est pas, selon Cioran, plus efficace que le suicide en ce qui concerne l’atténuation de la vanité, mais l’écriture et la lecture en tant que création et destruction simultanées nous permettent d’oublier la vanité au moins assez pour continuer à vivre.
- ItemLe théâtre des vanités mondaines : le Bois de Boulogne dans les chroniques zoliennes(2018) Kaczmarek-Wiśniewska, AnnaL’œuvre journalistique d’Émile Zola touche tous les aspects de la réalité parisienne de son époque : des sujets « sérieux », sociaux et politiques, à ceux qu’on peut qualifier de légers, voire frivoles. L’existence de la gentry de la capitale sous le règne de Napoléon III compte, selon l’écrivain, selon ces derniers, étant focalisée sur les apparences et sur un affichage ostentatoire de la richesse. En effet, la vanité s’avère être le défaut principal de la belle société parisienne du Second Empire, et le paraître devient sa nouvelle religion. La scène préférée de la parade quotidienne des mondains est le Bois de Boulogne, récemment transformé en un parc à l’anglaise. L’article se penche sur quelques éléments de cette « parade des vanités » dans le contexte de l’attitude hostile de Zola à l’égard du régime qu’il déteste.
- ItemLes mouvements de la vanité à l ’époque des Lumières(Quêtes littéraires 2018, 2018) Falaky, FayçalCet article propose de considérer la laïcisation progressive de la vanité aux XVIIe et XVIIIe siècles. Une fois sortie du champ théocentrique, la vanité dénotera moins la vacuité et la brièveté de la vie terrestre qu ’une une malséance sociale qui va à l ’encontre des moeurs du temps et qui s ’inscrit donc dans le temporel. Ce glissement du sacré au saeculum entrainera aussi un changement par rapport au mouvement qu ’elle connote. Si jadis, la vanité était le passager et le fugace, elle désignera désormais l ’impliable et le rigide.
- ItemLyrisme de la vanité et vanité du lyrisme. Quelques exemples de poétiques du XIXe siècle, de Baudelaire à Laforgue(2018) Glatigny, SandraÀ son apogée au XVIIe siècle, la Vanité, grâce à sa codification, perdure au-delà de cette époque propice à son épanouissement. De même que la dimension religieuse et dogmatique tend à s’estomper au XIXe, les symboles de la vacuité et de l’illusion existentielle sont repris de manière partielle. Peut-on alors encore parler de Vanité quand le discours symbolique est lacunaire ou incomplet ? De Baudelaire à Laforgue, les poétiques du XIXe siècle opèrent un déplacement axiologique qui tend à annihiler la portée argumentative initiale. Dès lors, pourquoi reprendre une tradition apparemment incompatible avec le discours lyrique ? En fait, dotée d’une dimension métadiscursive, la Vanité semble participer de la dynamique critique, propre au lyrisme de la deuxième moitié du XIXe siècle et contribue à le renouveler. Entre sérieux et ironie, la transposition picturale de la Vanité favorise un dialogue intersémiotique qui ménage un espace vacant pour un autre mode de transmission des sentiments.
- ItemChateaubriand et la vanité: varietas ou pari pascalien?(2018) Garneau de l ’Isle-Adam, Marie-Christine AlixChateaubriand a produit une oeuvre paradoxale : il fut accusé de vanité bien qu ’il ait combattu sans relâche la vanité ; il employa le terme de vanité sous toutes ses acceptions, cela contrairement à ses contemporains ou ses prédécesseurs, Retz et Rousseau. D ’où ces questions : doit-on réduire son oeuvre à une vaine ποικιλíα, un exercice de rhétorique égocentrique procédant du miroitement et de la profusion, ou doit-on considérer son auteur comme un moraliste, continuateur de Pascal et donc un « monstre incompréhensible » à son siècle ?
- ItemMallarmé et les paradoxes de la vanité(2018) Opiela-Mrozik, AnnaL’article analyse la notion polysémique de vanité dans la pensée et dans l’œuvre de Mallarmé. Le concept dévoile les paradoxes de la création mallarméenne: le poète jugé obscur et accusé de vanité, était déchiré entre le rêve de gloire et l’autodévalorisation. C’est dans l’Art auto-réflexif par excellence qu’il projetait sa satisfaction d’artiste et trouvait un sens de la vie. Mais ayant vécu une crise spirituelle et découvert la vanité du langage, Mallarmé a choisi de prolonger une illusion de la littérature en trouvant dans le Néant les ressources de sa poésie. À force de «creuser le vers», il construit donc une poétique de la vanité qui reste synonyme d’inanité ou de vide où le sens des mots est relayé par la sonorité du langage. En plus, tout en luttant contre la stérilité poétique, à travers l’écriture des Vanités, Mallarmé s’immerge dans la mort afin de créer un «tombeau idéal» pour son fils disparu.